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6 avril 2009

Arlington Park, suite et fin.

Il pleut sans discontinuer dans les rues et dans les âmes amères des ménagères d’Arlington Park

Faisons plus ample connaissance …

Juliet traîne son amertume comme un boulet,  elle se demande comment elle en est arrivée là et s’interroge sur la profonde injustice de la vie, de sa vie qu’elle estime ratée et insignifiante. Son mari Bénédict est le coupable idéal, celui qui a enterré la Juliet qu’elle aurait du être. Tout est résumé dans cette réflexion de Juliet :

« Tous les hommes sont des assassins. Tous. Ils assassinent des femmes. Ils prennent une femme et, petit à petit, ils l’assassinent ».

Quelques rues plus loin, Amanda vit une vie parfaite, dans une maison parfaite, avec une famille parfaite. Quand sa voisine l’interroge, elle répond que « tout va pour le mieux ». Etre et paraitre, si tout semble aller pour le mieux, d’où vient cette lassitude de ce quotidien qu’elle a pourtant choisi. Elle contemple ainsi avec une profonde lucidité sa vie vacillante.

Maisie quant à elle est toute fraichement débarquée de Londres. Cet état de fait constitue en soit une menace pour les ménagères d’Arlington Park, vite, il faut très vite faire rentrer cette brebis égarée dans le troupeau, vite l’intégrer aux virées salutaires vers le temple de la consommation que constitue le centre commercial de Merrywood (not so merry). Mais pourquoi l’arrivée même de Maisie, sa différence représente une telle menace ? Maisie représente ce qu’elles étaient il y a quelques années avant d'être prises au piège de cette vie, d’où l’urgence de la convaincre et par la même de se convaincre que quitter Londres pour Arlington était le meilleur choix.

Solly, à la veille de donner naissance à son 4è enfant, ne se considère plus que comme un ventre sur pattes. Quand elle commence à héberger des étudiantes pour arrondir les fins de mois difficiles, La confrontation entre son quotidien et la vie plus ou moins fantasmée de ses jeunes locataires se révèle trop douloureuse. Elle a tout simplement oublié d’exister…

Magnifique écriture, originale. Voyage dans les pensées secrètes et intimes de 4 jeunes femmes, déjà usées et résignées emprisonnées dans des quotidiens étriqués et qui ont l’impression que tout est déjà joué. Plongée dans la morosité d’une banlieue résidentielle britannique, les dialogues sont mordants, jalousie, amertume et désillusions sont au rendez vous.

Voici quelques extraits que j’ai adorés…

« C’était la voix, la voix de cette femme, si solitaire et puissante, si…transcendante. Elle donnait à Juliet l’impression qu’elle pouvait tout transcender, cette petite maison avec sa moquette tachée, ses courses, ses gens imparfaits, transcender les distances grises et trempées de pluie d’Arlington Park ; transcender, même, son propre corps, où l’amertume pesait comme du plomb dans ses veines. »

« Vraiment, elle devrait l’aimer. Elle ne savait pas pourquoi elle n’en était pas capable. Elle n’était pas sûre de pouvoir aimer qui que ce soit. Quand elle était loin de l’amour elle le voyait depuis une certaine distance et il paraissait facile, une escalade facile jusqu’au sommet ensoleillé. Mais quand elle était là, plus près, cela semblait impossible. Qu’adviendrait-il d’elle si elle était incapable d’aimer ? »

« Vraiment, Martin était merveilleux. Il était ce qu’on appelait un père présent. Le problème est qu’il n’était jamais là. »

"Pour Martin, le corps de Sally était un village qui, avec le temps, s'était étendu et avait grandi jusqu'à devenir un centre actif traversé de nouvelles rues et de quartiers modernes dont certains étaient disgracieux. Le village avait changé, mais c'était là qu'il vivait"

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